Comprendre et enseigner l’Evolution – Guillaume LECOINTRE
La rencontre avec Guillaume LECOINTRE, chercheur systématicien et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, a été riche d’enseignement
Guillaume Lecointre nous a permis de faire le point sur l’enseignement de l’évolution et sa perception actuelle. Il nous a présenté le cadre scientifique, épistémologique et historique dans lequel on peut comprendre l’évolution. Il nous a donné des clés pour déjouer les pièges que notre langage et nos réflexes premiers nous tendent.
Un exemple de travail proposé :
« Au cours de l’évolution, des groupes entiers naissent, évoluent et s’éteignent. Ils se succèdent dans le temps. »
Deux problèmes ont été soulevées dans cette proposition :
- Le terme de « groupe » tout d’abord. La phrase lui donne une réalité qu’il n’a pas, le « groupe » est une construction virtuelle dont le contenu et les contours changent en fonction de l’évolution des idées (groupe des reptiles ou des poissons par exemple !). La seule unité valide en terme de dynamique évolutive est la population.
- « se succèdent dans le temps » propose une approche linéaire de l’évolution qui ne correspond pas à la réalité.
On pourrait, pour cette proposition, supprimer la seconde partie et modifier la première sous la forme « les populations naissent (ou plus exactement s’isolent), évoluent et s’éteignent ».
Pour terminer, il nous a présenté en quoi ce sujet suscite autant de passions et de combats en dehors de la science et pourquoi notre enseignement de l’évolution est si essentiel pour les jeunes qui nous sont confiés.
Nous avons travaillé sur ce que veut dire classer les êtres vivants en sciences. Une fois, cette interrogation résolue nous avons envisagé comment à l’école, au collège et au lycée nous pouvons nous inscrire dans cette pratique de la classification actuelle au côté des scientifiques.
L’Homme a toujours essayé de classer le vivant. Cependant, Charles DARWIN a apporté un changement révolutionnaire de notre vision du vivant, ainsi en 1859, il publie l’Origine des espèces.
Si, au temps de Linné, l’être humain représentait le summum de l’évolution, aujourd’hui les sciences de l’évolution nous enseignent que l’homme est une espèce parmi des millions d’autres. La vision en ligne droite a laissé la place à une représentation arborescente qui prend en compte les relations de parenté et aussi le paramètre temps. Désormais, on parle d’analyse phylogénique.
Il s’agit donc d’observer la morphologie, l’anatomie, l’histologie (les tissus cellulaires), les chromosomes, les molécules des différentes espèces et de chercher leurs attributs spécifiques, puis de réunir ensemble les être vivants qui possèdent des points communs dans le but de comprendre la diversité, mais aussi l’évolution en cherchant « qui est plus proche de qui ».
On classe donc les organismes sur ce qu’ils ont (poils, vertèbres, coquille …) et non pas sur ce qu’ils n’ont pas (absence de vertèbres) ou sur ce qu’ils font ( nager, voler,..)[TRI]
Ainsi, en parlant de phylogénie, les crocodiles sont plus proches des oiseaux que les lézards, les dinosaures sont toujours parmi nous. Les termes – “poissons” “reptiles”, ou, “invertébrés”, ne sont pas scientifiques. C’est là le résultat des bouleversements de la classification, dont les méthodes ont été totalement repensées au cours de ces trente dernières années et c’est ce bouleversement dans la classification que nous avons exploré pendant une journée avec beaucoup d’intérêt.
Quelques sites pour aller un peu plus loin ou pour retrouver des éléments qui ont constitués nos réflexions :
Classer le vivant à l’école : quelques principes didactiques
Sur le site de TDC, on trouve un numéro sur Darwin où il y a deux vidéos intéressantes et 2 séquences une pour le lycée et une pour l’école.
Des documents téléchargeables (séquences proposées en cycle 3, collège)
Une vidéo
Un jeu sur la classification
Jacqueline PUYRAVAUD, Formatrice ISFEC